La question se pose effectivement mais moi qui baigne dans ce milieu depuis plus d'une décennie, tant virtuellement que sur le terrain, je connais les raisons, elles sont multiples. Celles qu'on énonce et celles qu'on tait.
Les avouables et les inavouables en quelque sorte.
La première c'est le temps. Le temps qui fuit, le temps qui passe. Le temps que nous n'arrivons plus à prendre. L'utopie de la société des loisirs a fait place à la surconsommation, l'endettement et la performance à tout prix. Nos plages horaires doivent être toutes occupées, week-end inclus, c'est le règne de la tyrannie du rendement, de l'efficacité.
Même nos vacances, il faut que qu'elles soient réussies. Ne rien prévoir, ne rien faire est devenu un concept bizarre pour ne pas dire suspect.
La technologie qui était supposée nous libérer nous emprisonne désormais.
Impossible de se soustraire du tourbillon il faut être joignable en tout lieux et on en redemande.
Vient ensuite l'explication, pour qui concerne directement NDQ; de la recherche de partenaires virtuels. Avec plus de 2000 membres inscrits qu'on a jamais revu pour la vaste majorité d'entre eux et qui n'ont pas envoyé un seul commentaire, il apparait évident que ces membres n'étaient pas venus au forum pour échanger leurs idées sur le naturisme.
A l'opposé il y a ceux qui en parlent beaucoup sur la toile mais n'en font jamais pour de vrai, les intentions restent virtuelles; une façon de vivre son ''naturisme'' par procuration si l'ont veut.
Après je dirai qu'il y a le facteur économique, et si cette explication touche plus particulièrement la jeune génération elle concerne aussi les moins fortunés de tout âge.
Ça semble bête à dire mais il faut avoir un bon budget pour pratiquer le naturisme plus d'un jour ou deux par été. Cela suppose déja de posséder un véhicule, ou bien payer sa location, payer l'essence et les droits d'entrée (quand il y en a) et pour certains, payer une gardienne.
C'est pourquoi l'offre du covoiturage est si importante. Elle avantage monétairement les deux parties et permet d'être conséquent avec l'environnement en plus de ressentir la satisfaction intime d'avoir aidé quelqu'un.
Et puis vient s'ajouter à cela deux facteurs non négligeables; d'abord la peur de la nudité, ne souriez pas c'est devenu un cancer social de plus en plus sérieux, on peut même parler de gymnophobie (phobie de la nudité) parce qu'aujourd'hui nudité rime forcément avec sexualité pour ne pas dire, perversité. Voyez ce qui se passe avec le phénomène des vestiaires.
Personne n'a envie d'être identifié comme un pervers assoiffé de stupre parce que la masse ne sait plus faire la différence. Alors on reste sur son balcon ou dans son salon bien caché, la honte entre les cuisses et la bouche cousue sur nos envies naturistes.
Merci internet.
Le second facteur, je vous le donne en mille, non vous ne voyez pas? Hé bien pardi, c'est le sexe !
Et ceux qui viennent au naturisme par cette motivation ne font pas mentir la mauvaise perception de notre pratique.
Ils sont nombreux sur le forum, je ne suis pas dupe. Comme s'il n'y avait pas assez de sites et de pages sur le web pour ces ''rencontres nudistes''.
Il en est de même pour la J-C - comme pour tous les lieux naturistes avec surveillance- beaucoup se sont pointés la au fil des ans avec l'intention de trouver du cul rapido et ils sont repartis déçus n'ayant pas trouvé l'ambiance qu'ils recherchaient.
Quand la possibilité d'avoir un échange sexuel dans un lieu demeure facile, la motivation pour sortir devient curieusement plus forte chez plusieurs.
Si tous ceux qui sont venus à la J-C depuis son ouverture avaient continué de fréquenter la place, la journée festive aurait pu compter au moins 50 naturistes.
On parle beaucoup ces dernières années du ''vivre-ensemble'', est-ce que le naturisme ne pourrait pas être une façon concrète de parvenir à un «mieux-vivre-collectif»?
Les petits regroupements joyeux à Okapulco, plus ou moins hédonistes, plus ou moins jeune, me font penser que oui. Il faut remettre la convivialité dans le naturisme, l'individualisme a prouvé ses limites.