Comme vous ne serez sans doute pas nombreux à aller voir, je le reproduis ici:
Enquête sur des incendies criminels à Saint-Lin-Laurentides
La Sûreté du Québec enquête sur une vague d'incendies criminels à Saint-Lin-Laurentides, dans Lanaudière. Les victimes de ces incendies croient que ces événements ont un lien direct avec leur combat pour conserver la vocation naturiste de leur copropriété, le Domaine de l'Éden.
Visiblement sous le choc après l'incendie de sa maison et de ses deux voitures, dans la nuit du 23 juin, Suzanne Blanchet, la présidente du syndicat de copropriété du Domaine de l'Éden, vit dans la peur. Sur les vidéos captées par les caméras de surveillance de la maison, on voit très bien deux hommes répandre de l'accélérant sur sa maison et ses véhicules.
« Pour moi, ce n'est pas du vandalisme, il y a autre chose et c'est directement relié au fait qu'en tant que présidente de la copropriété, j'ai réussi par des mesures juridiques à empêcher un projet de construction », croit Suzanne Blanchet.
Ce qui fut d'abord un camping dans les années 70 est devenu ce qui serait la seule copropriété naturiste au Canada. Des dizaines de familles et plusieurs retraités y habitent de façon permanente, dans un territoire d'environ un kilomètre carré.
« J'ai choisi de venir vivre ici avec d'autres personnes qui partageaient la même vision de la vie que moi », explique-t-elle.
Mme Blanchet et plusieurs de ses voisins se battent aujourd'hui pour conserver la vocation naturiste des lieux.
L'un des propriétaires, Denis Chesnel, qui possède de grands terrains au Domaine de l'Éden, veut les revendre pour un développement domiciliaire.
Qui dit développement immobilier dit fin de la vocation naturiste. D'ailleurs, personne ne se promène nu ces jours-ci au Domaine. La Sûreté du Québec a déjà remis des contraventions aux résidents dénudés parce que la municipalité, qui ramasse les ordures et déneige les rues, prétend qu'elles lui appartiennent.
Les copropriétaires, registre foncier à l'appui, soutiennent plutôt que les rues sont des parties communes qui sont privées, donc propriété du syndicat de copropriété du Domaine de L'Éden.
Le vendeur est en prison
Le maire de Saint-Lin-Laurentides appuie sans réserve Denis Chesnel dans son projet de vendre ses terrains pour la construction de maison.
« Il y a un camp nudiste qui ne fonctionne plus. Est-ce que c'est plus justifié d'avoir un beau projet de 200 maisons qu'un camp nudiste qui ne fonctionne plus? Côté moral là... pour les puritains... », dit André Auger, qui est maire de la municipalité depuis 40 ans.
M. Auger appuie Denis Chesnel même si celui-ci purge présentement une peine de 15 mois de prison pour trafic de drogue et qu'il est en attente de procès pour voies de fait et harcèlement criminel.
En mars, le maire de Saint-Lin a même écrit une lettre aux autorités de la prison de Bordeaux, où Chesnel est détenu, pour demander sa libération le plus rapidement possible.
Une vue du domaine de l'Éden
Une vue du domaine de l'Éden
« Moi, je n'ai pas vu son dossier à M. Chesnel, je n'en doute pas, c'est un criminel. Mais supposons que pour une fois il veut bien faire, il a un beau projet, OK? Parce que c'est un criminel puis il a un beau projet, on ne l'acceptera pas? Ben voyons donc! », s'exclame le maire Auger, qui n'a visiblement aucune sympathie pour les opposants au projet.
Ceux-ci, menés par les administrateurs du syndicat de copropriété, n'ont pas que des appuis, même parmi les autres propriétaires. L'une d'elles, Émilie Girard, est en faveur du projet de maisons neuves. « C'est fini le naturisme, on passe à autre chose », plaide-t-elle.
Mme Girard croit que sa propriété prendra de la valeur, ou du moins qu'elle cessera d'en perdre si le projet immobilier se réalise.
« On a vu que ça pouvait sauver nos maisons, on vieillit et le jour où l'un d'entre nous va être obligé de partir, les maisons auraient pu se vendre un bon prix. Maintenant, c'est toujours de la chicane, de la chicane et de la chicane », poursuit-elle.
Suzanne Blanchet, porte-parole des opposants au projet, estime que parce qu'ils sont naturistes, les résidents du Domaine de l'Éden sont traités comme des citoyens de deuxième classe.
« Mais pour nous autres, ce n'est pas juste la question du naturisme, c'est la question du respect des droits des copropriétaires, on est en train de bafouer nos droits, de vouloir construire un projet sur nos terrains [...] On nous donne rien en échange, on nous demande même pas notre opinion », estime-t-elle.
Il est hors de question pour eux de quitter leur domaine de l'Éden.
D'après le reportage de Marie-Maude Denis