C'est une question que je me suis longtemps posée, et je la pose encore à certains naturistes avec qui je discute à la plage.
Y a t-il une tendance qui se dégage de nos milieux familiaux, de notre éducation pour expliquer qu'un beau jour nous naturistes nous ayons adopté cette pratique ?

Au-delà de la sensation de liberté et de bien-être ressenti, pourquoi avons nous été attirés par le naturisme alors que la plupart des gens autour de nous sont angoissés à l'idée de se déshabiller en public. Quelle urgence nous a poussé à franchir le pas ?

L'ambiance familiale de votre enfance était-elle permissive sur le plan moral ou restrictive ?
Vos parents avaient-ils des vues libérales en matière de moeurs ou au contraire étaient-ils pudibonds, voire puritains ?
Au fond en grandissant, de choses l'une, on adopte et on intègre les valeurs inculquées ou par rébellion nous allons dans la direction opposée, du moins en partie.

Si tous les parents enseignaient une approche décoincée ou indifférente face à la nudité, deviendrions nous tous des adeptes du naturisme pour autant ? Je ne le crois pas puisque tant d'enfants qui ont connus les centres naturistes ne le sont pas demeurés à l'âge adulte.

Alors quoi, est-ce simplement une question de communication, un droit de parole, de poser des questions sans censure ? Et si la nudité ainsi que la sexualité n'avaient pas été des sujets tabous ou embarrassants à discuter à la maison, aurions nous eu cette même curiosité d'explorer la nudité en collectivité ?

Je dois faire deux choses à la fois en ce moment, je jette ici les bases du nouveau sondage, il sera peaufiné et finalisé ce soir.
En attendant vous pouvez réfléchir à la question avant de répondre ou commencer à rédiger un brouillon.

C'était très stricte chez nous.  C'était aussi très conservateur.

Il parait que je viens d'un milieu très libéral, que mes parents étaient avant-gardistes...
C'est ce qu'on me répond quand je raconte ma jeunesse, et franchement ça m'agace grandement.

Moi je trouve que ma soeur, mon frère et moi avons reçu une éducation standard pour l'époque. Mes parents étaient simplement dans la modernité des moeurs qui changeaient à la vitesse grand V dans les années 70.
Ce n'est pas eux qui étaient en avance, c'est les autres qui retardaient.
Quand je regarde un vieil épisode de Quelle Famille de Janette Bertrand, c'était exactement le genre d'éducation que nous recevions chez nous. Notre famille était en phase avec son époque.

On pouvait parler de tout à la table. De sexe, de drogue, de menstruations, d'homosexualité, d'avortement, de la non nécessité du mariage pour avoir une vie sexuelle, des mères monoparentales, les films pornographiques et j'en passe sans aucune condamnation.
J'ai pris souvent ma douche avec mon père jusqu'à ma puberté, j'ai vu nu je ne sais combien de fois mon frère et ma soeur... non franchement la nudité n'était pas une source de scandale chez nous.
On ne se baladait pas à poil dans la maison mais la nudité accidentelle ne suscitait aucun reproche.

Adolescents nous avons débuté le naturisme ma soeur et moi à la rivière Rouge, mes parents ont été mis au courant par la suite, ils n'ont rien trouvé à redire.
La seule consigne que nous avons reçu de leur part quand nous pratiquions à la campagne dans les champs adjacents c'était de ne pas s'exposer à la vue des fermiers voisins.

Je pense que si ma mère n'avait pas été complexée par son physique, comme la plupart des femmes (elle adorait le cinéma, elle s'était abreuvée aux films de Lollobridgida, Deneuve, Monroe, Bardot, Cyd Charisse, Grace Kelly etc) elle aurait essayé le naturisme avec papa, elle avait une prédisposition morale pour ça.

J’ai répondu stricte. Mais comme j’ai déjà dit, il y a un contexte. Mon adolescence a été marquée par la lutte de ma mère contre un cancer, et elle perdra son combat au cours de mes 17 ans. Bien sûr, mes parents étaient d’une génération où les principes traditionnels prédominaient, la normalité étant pour beaucoup de gens de cette génération une vie de couple hétérosexuelle dans le cadre du mariage. Mon père était de ceux qui faisaient des blagues de mononcle sur les femmes, les gays, le sexe. Je ne me suis jamais reconnu dans ce style d’humour, alors qu’on prêchait de l’autre main les valeurs religieuses qui auraient dû inclure le respect de l’être humain en général. 

 D’un autre côté, avoir un père avec des traits narcissiques, c’est compliqué. Les gens avec ce type de personnalité font des ravages autour d’eux. Ils te font sentir que tu es peu de choses, peu importent ta bonté, ton besoin d’être aimé et tes succès personnels, scolaires ou autres. Ils contrôlent tout ce qu’ils peuvent. Chez nous, ce fut d’ordonner aux médecins de ne pas dire à ma mère qu’elle était gravement malade, que ses jours étaient comptés. Résultat: il a bien pris soin de sa femme, mais a rendu toute communication autour de sa maladie impossible. Même si à la fin, j’ai acculé mon père au pied du mur de me dire toute la vérité sur l’état de ma mère, c’était impossible de savoir ce qu’elle savait ou ne savait pas. Nous n’avons même pas pu nous dire les derniers mots qu’on aurait voulu partager, elle et moi, avant son décès. Je ne dirai jamais que mon père n’a rien fait de bon, mais j’ai quand même souffert.

Enfant unique, il ne me restait plus après sa mort qu’à me battre pour trouver mon chemin et ma valeur autrement que par mon géniteur. J’ai été chanceux d’être entouré à partir de 18 ans de ma conjointe actuelle, qui venait elle-même d’une famille traditionnelle, profondément catholique, et de quelques très bons amis, que je côtoie toujours aujourd’hui pour plusieurs d’entre eux. Tous ces gens ont reconnu qui j’étais, et j’ai toujours essayé de leur rendre la pareille. À cet âge, j’étais convaincu des valeurs religieuses traditionnelles, j’ai même été impliqué dans des fins de semaine de retraite pour jeunes adultes. Mais un jour, j’ai déchanté, sans tout rejeter, j’ai appris à côtoyer des gens de toute allégeance, de différents milieux, de diverses orientations et religions, particulièrement dans le cadre de mon travail. Ces relations humaines ont contribué à me convaincre que la nuance était souvent meilleure conseillère que des principes stricts qui m’avaient été inculqués. Je crois que ça fait maintenant de moi une meilleure personne avec ses imperfections, il va sans dire.

Pour répondre à la question à ce qui m’a amené vers le naturisme, je peux dire qu’aucune de ces personnes ont été instigatrices de mon mouvement vers ce mode de vie. Peut-être ai-je été intrigué lorsque j’ai trouvé, adolescent, une revue naturiste avec de nombreuses photos dans le tiroir de la table de chevet de mon père. Le connaissant, je soupçonne aujourd’hui qu’il ne la possédait pas dans un but naturiste… mais bon, je ne peux pas le prouver. Ce que je sais, c’est que je n’ai jamais, sauf accidentellement, vu mes parents nus, et ils ne m’ont plus vu nu dès que des signes de puberté sont apparus  sur mon corps. En tout cas, je n’ai jamais eu connaissance que mes parents étaient naturistes, et on ne parlait pas nudité, sexualité, ou autre sujet plus personnel. Et si ma belle-mère apprenait un jour que je suis naturiste, je craindrais que l’amour qu’elle a pour moi fonde comme neige au soleil. Elle est encore trop ancrée dans ses valeurs de jeunesse pour être ouverte à ce sujet.

Ce que je sais par contre, c’est que j’ai au moins depuis l’adolescence aimé la sensation que procurait la nudité. En tant qu’enfant unique, c’était facile pour moi d’être nu dès que mes parents s’absentaient de la maison. Et avec les traitements de radio et chimiothérapie que ma mère devait subir, les occasions pour être nu chez moi étaient nombreuses. Après son décès, mon père s’absentait presque tous les week-ends, alors c’était encore possible.

Je suis passé de la nudité domestique au naturisme durant mes années universitaires. Très nerveux la première fois, j’ai rapidement su qu’un jour ou l’autre, cela ferait partie, avec des efforts pour convaincre ma conjointe de ses bienfaits, que le naturisme ferait un jour partie de ma vie de façon irréversible. Et me voici parmi vous…

Steph

Je dirais que j'ai reçu une éducation assez ouverte. Mes parents exprimaient souvent leur ouverture si j'avais des questionnements à propos de tout et n'importe quoi. Toutefois, ils ont rarement initié la discussion et, avec du recul, je peux dire que la pudeur était tout de même présente, en ce sens où chacun avait son intimité et la nudité demeurait chose du privé. C'est un peu «de ma faute» puisque j'étais relativement timide pendant mon enfance/adolescence et je n'ai pas souvent même osé me questionner sur des sujets tranchants ou hors des sentiers battus. C'est donc dire que le naturisme n'a pas fait partie de nos discussions familiales. J'ai exploré le sujet par moi-même une fois parti du nid familial. Je ne crois pas aborder volontairement le naturisme auprès de ma famille dans les prochaines années, mais je ne serais pas mal à l'aise de leur parler de mon expérience si le contexte s'y portait naturellement.

Plus des 2/3 des réponses sont stricts et plus, la culture judéo-chrétienne a fait en sorte, en majorité, d'avoir enseigné LA façon d'élever les enfants au Québec (ailleurs au Canada je ne sais pas).
Pour ma part dans mon enfance c'était comme assez strict avec en plus une mère professeur. C'était pas pire réglé au 1/4 de tour, mais je ne peux pas dire que j'ai été malheureux là-dedans, on était tous là-dedans. J'ai toujours été attiré par la nudité et je crois que c'est ma mère (même en étant strict) qui n'était pas très prude. C'est peut-être ce qui m'a peut-être, sans le savoir, donné le droit de m'assumer plus tard en pratiquant le naturisme.

Comme plusieurs de ma génération, j'ai répondu stricte.  La morale des années 50-60 étaient de cette nature. On l'a vécu sinon subi, mais sans s'en apercevoir sur le coup.  Ce n'est qu'en vieillissant que cette rectitude et cette morale ont été perçues comme étouffantes. Et s'en libérer demandait beaucoup d'efforts, surtout lorsqu'on se savait gay. Le naturisme, en plus d'être un désir de vivre une nouvelle liberté naturel était peut-être aussi une forme de révolte par rapport aux années brimantes de ma jeunesse.  Maintenant c'est heureusement du passé. Espérons que les nouvelles générations en profiteront plus que la mienne.

J'ai eu une éducation morale extrêmement puritaine et la religion était omniprésente. Tout était tabou ou péché finalement. Je pourrais vous raconter des trucs que vous auriez de la difficulté à croire tant c'était ridicule. Bon, juste deux pour vous faire rire, mais pas plus car vous allez dire que ma famille n'était pas saine d'esprit  . Quand ma grand-mère (qui a vécu avec nous quelques années) voyait à la télévision une publicité de soutien-gorge, elle retournait sa chaise dos à l'écran, faisait un signe de la croix et disait un Je vous salue Marie ! À l'époque les soutien-gorge étaient des "Cross your Heart" alors on s'entend que côté indécence on repassera !! Ma mère m'ayant surpris une fois à manger des biscuits au bacon un vendredi m'avait demandé de cracher le biscuit que je mâchais dans la poubelle !! J'en suis pas encore revenu. Quel ridicule. Pour les plus jeunes, sachez qu'il était interdit pour les catholiques de manger de la viande le vendredi, c'était un péché grave dont il fallait aller se confesser ! Mais un biscuit au bacon, fait en laboratoire (!) on s'entend qu'il ne devait pas y avoir trop de viande là-dedans. 

C'est sûrement pour toutes ces niaiseries que je n'ai jamais été très religieux. Bref on ne parlait jamais de sexualité, de nudité à la maison. Pas de blagues salées et pas question de se promener en bobettes dans la maison etc ...

Mais ce n'est pas par révolte ou défi que je suis devenu naturiste. C'est venu tout naturellement à la plage d'Oka avec mon conjoint de l'époque. J'ai adoré l'expérience et j'ai récidivé de nombreuses fois. J'aime le côté libre, affranchi du naturisme, l'union qu'on ressent avec la nature, l'égalité entre humains. 

Ton histoire, Francis, m'épate. Je t'envie d'avoir vécu dans une famille aussi ouverte, non constipée. Ma vie aurait été totalement différente si j'avais eu cette chance.