Sujet intéressant, surtout pour quelqu’un de ma génération élevé dans un fond judéo-chrétien. Dès l’adolescence, j’ai senti que la nudité était un besoin inhérent à ma personnalité, mais je n’avais jamais osé en parler ouvertement à d’autres, comme si j’avais l’impression d’être anormal. J’ai été élevé dans un milieu où c’était facile de se rendre coupable d’à peu près n’importe quoi, tout comme ma conjointe d’ailleurs.
Quand j’ai commencé à fréquenter des sites naturistes au début de l’âge adulte, j’avais une certaine appréhension de ce que j’allais y découvrir, de ce qui se passait réellement en ces lieux. Je me suis rapidement aperçu que les gens qui s’y tenaient y étaient pour la plupart pour passer un moment paisible ou pour socialiser dans la nudité. Avec le temps, on sait aussi quels endroits correspondent à notre perception du naturisme, et quels endroits à éviter parce qu’ils nous indisposent ou ne sont pas en communion avec la philosophie du naturisme.
Avant la naissance des enfants, j’ai fait du naturisme très sporadiquement, la plupart du temps seul. C’est arrivé à quelques reprises avec ma conjointe, en voyage en Floride, ou à Wreck Beach à Vancouver. Comme j’étais embarrassé de lui proposer, en arrivant dans ces lieux, parfois paradisiaques, elle était choquée, mise devant le fait accompli, et ne comprenait pas ce qui m’y attirait tant. Ce fut à l’époque l’objet de discussions animées. Avec le temps, elle a fini par s’accommoder de ma façon de vivre. Les enfants sont arrivés, et j’ai durant cette période minimisé les occasions d’exercer le naturisme. Avec les principes de ma conjointe, il n’était certainement pas question d’adopter ce mode de vie en famille... au plus, je me baignais nu le soir dans ma piscine, où je me faisais bronzer dans le plus simple appareil, quand les enfants n’étaient pas chez nous.
Avec le temps, ma conjointe a compris et accepté ma réalité naturiste. Je l’ai réalisé un bon jour où on marchait sur une plage de Cape Cod, dans secteur isolé. Quelle fut ma surprise lorsqu’elle me proposa: « Veux-tu enlever ton maillot? ». Évidemment, je ne me suis pas fait prier. Une barrière tombait enfin. Ce n’était plus un sujet tabou dans notre couple, je pouvais enfin exercer le naturisme à ma guise, et je pouvais à partir de ce moment fréquenter avec elle des endroits clothing-optional. Je n’ai plus aucune gêne à lui proposer ce type d’activité, et c’est souvent elle qui prend les devants pour Oka. La vue de gens nus ne perturbe plus ma conjointe. Elle n’est pas convertie, mais on ne sait jamais pour le futur... je vois tout de même une évolution par petits pas de son côté. Au moins, cette entente cordiale nous permet de passer de merveilleux moments ensemble, en toute transparence, dans des endroits souvent magnifiques, sans aucune animosité.
Nous séjournons maintenant régulièrement dans des établissements où le naturisme est autorisé. Je ne pourrais plus envisager de vacances dans le sud sans que ce critère soit priorisé. Et nous avons découvert des endroits magnifiques. Parfois nous avons été déçus aussi, comme pour d’autres endroits n’ayant rien à voir avec la nudité. Ma conjointe se rend compte, comme moi d’ailleurs, que les vrais adeptes de naturisme sont souvent plus sociables, plus ouverts, plus respectueux, et plus sensibles à la préservation de l’environnement. Allez comparer l’état de la plage d’Oka du secteur naturiste avec la zone textile en fin de journée, et vous verrez la différence. Je n’ai jamais vu de déchets laissés sur place sur la plage nudiste, du moins dans le secteur où on s’installe.
En résumé, mes sentiments face au naturisme ont évolué avec les années, passant d’un certain embarras à une façon d’être pleinement assumée, en harmonie avec mon corps imparfait et avec la nature qui m’entoure. L’ouverture d’esprit et la compréhension de ma conjointe m’ont aidé à m’assumer pleinement de ce côté. Elle a aussi observé combien mon niveau de stress diminuait drastiquement lorsque je suis en communion à l’extérieur avec mon corps nu. Je ne l’affiche pas sur tous les toits, il y a des gens de mon entourage qui n’approuveront jamais ce mode de vie. Par contre, mes fils et la conjointe d’un d’entre eux sont bien au fait de la situation, et je le dis sans gêne à des gens que je sais ouverts d’esprit, et je ne me gêne pas non plus si ça vient comme sujet de conversation. Je suis même en train d’initier mon meilleur ami à ce mode de vie, qu’il pratique en privé pour le moment. Et si je rencontre par hasard quelqu’un que je connais, par exemple, par un bel après-midi à Oka, comment est-ce que je réagirais? On verra à ce moment-là. Pour le moment, je me dis que si ça arrivait, l’autre personne serait là soit pour les mêmes raisons que moi, soit pour des raisons qui devraient l’embarrasser, elle, et pas moi...
Bref, me convertir au naturisme pleinement assumé m’a pris des années, mais j’y trouve aujourd’hui un ressourcement, un bien-être et une zénitude qui font de moi un homme plus attentif à ce qui m’entoure. Je sais maintenant que jamais je ne retournerais à ma vie d’antan. Je sais, je suis bavard, ça fait autant partie de mon ADN que le naturisme. A la prochaine!
Steph