- stephane a écrit:
- Cetait tu ton bateau balian ca du te faire de beau
clicher moi jaimerais bien un jour men acheter un et partir a
laventure
C'est peut-être cliché, mais c'est un beau cliché, un très beau rêve.
Pour répondre à ta question, non, le bateau n'était pas à moi, je n'ai
jamais été assez riche pour ça, en plus j'étais étudiant à l'époque. En
fait, à cette époque, le cousin du chum de ma soeur avait essayé de
gagner sa vie en organisant des mini-croisières dans les Caraïbes, une
demi-douzaine de personnes à la fois sur son voilier de 12 mètres, tu
vois le genre. Mais le projet n'a pas très bien marché, alors il a
décidé de revenir à Montréal.
Malheureusement, en cours de route, sa partenaire l'a lâché, et il est
resté pris tout seul avec son voilier à Norfolk, en Virginie. Il a vite
fait le tour de ses connaissances pour voir si quelqu'un était libre
pour l'aider à ramener le bateau et il s'est avéré que j'étais le seul.
Donc, je reçois le coup de fil vers 19h00 à minuit je suis dans
l'autobus, à huit heures du matin, je suis à New York, à midi, à
Washington, à 16 heures, à Richmond et finalement, à 21 heures,
complètement crevé, j'arrive enfin à Norfolk...
Le lendemain matin vers 6 heures, nous sommes sortis du port au moteur,
Hallucinant. Amarrés à côté de notre trajet, des porte-avions, des
cuirassés, des croiseurs. On se sent petit, dans notre coquille de
noix, comparé à un porte-avion! On continue à avancer dans le port, un
croiseur anti-aérien entre à Norfolk, accompagné par deux destroyers.
Ensuite, deux sous-marins nucléaires, l'un qui rentre au port, l'autre
qui le quitte... Spécial.
De Norfolk à New York, deux jours de navigation en haute mer. Fatigué
comme je le suis, les premiers quarts de quatre heures sont difficiles:
je ne suis pas du tout habitué à ce rythme, comme mon capitaine. Je ne
suis pas du tout un marin, c'est ma première expérience de ce
genre. Mais la tâche est simple, il suffit essentiellement de
surveiller le pilote automatique, de vérifier si on croise la bouée à
l'heure prévue, de garder un oeil sur le cargos qui s'approchent trop.
C'est le mois de mai, l'air est très frais, même le jour. La houle est
assez forte, les vagues marquent le rythme de la vie à bord. Le jour,
on ne voit que la mer, à l'infini. Parfois, un cargo apparaît, un
simple point à l'horion. Une heure plus tard et le bateau est à un ou
deux km, on peut voir qu'il est chargé de conteneurs jusque sur le
pont. Une heure de plus, c'est à nouveau un point minuscule de l'autre
côté de l'horizon.
La nuit est d'une noirceur d'encre, le froid humide est très mordant.
Les étoiles sont innombrables, elles paraissent très proches. Du côté
du continent, de faibles halos lumineux laissent deviner la présence de
villes. On se sent très seul quand même. Il y a toujours de la houle,
Les algues en suspension dans l'eau créent une faible phosphorescence
dans le sillage du bateau. Loin, très loin derrière nous, un petit
point lumineux, très faible. Un autre voilier nous suit. A cause de la
courbure de la terre, on ne voit que le feu au sommet de son mat. Le
reste est derrière l'horizon.
Après deux jours, arrivée dans le port de New-York. En tout cas, c'est
ce que dit le GPS, car on n'y voit rien. C'est la nuit et le brouillard
s'épaissit à vue d'oeil. Et pas question de jeter lancer n'importe où,
car les gros cargos, eux, naviguent au radar. C'est assez précis pour
se guider dans le brouillard, mais pas assez pour détecter un petit
voilier qui pourrait être sur le chemin. Il faut donc sortir du chenal
utilisé par les grands navires.
Mais comment? La brume s'est beaucoup épaissie depuis la dernière
bouée. Et la bouée, c'est notre point de repère pour le chenal. D'un
côté, c'est la sécurité, de l'autre le danger d'être happé par un
cargo. Alors nous voguons dans la brume à la vitesse minimale, Nous
avaçons à peine, à la recherche de cette bouée. Je suis à la barre, le
capitaine, que je vois à peine, est à l'avant, essayant de percer le
brouillard. La bouée est là, quelque part, le GPS le dit... Mais où?
Il nous faudra 45 minutes, dans le froid et l'humidité. pour la
trouver. Enfin! Fourbus de fatigue, nous éloignons le bateau du chenal,
jetons l'ancre et allons nous jeter au lit.
Mais à l'aube, mes amis, quel spectacle! Je n'en devinais rien, mais
nous étions à deux km à peine de Manhattan. Dans le brouillard qui
s'effiloche, New York apparaît sous nos yeux dans toute sa spendleur.
Les tours jumelles du World Trade Center luisent faiblement au soleil.
Et plus proche de nous encore, à l'entrée du fleuve Hudson, la statue
de la Liberté! Nous nous mettons en route, vers le fleuve et vers le
lac Champlain. Nous passons tout près de la vieille dame de bronze, qui
salue notre passage, à travers la brume qui achève de se dissiper.
C'est là que je comprends ce qu'on dû ressentir ces millions
d'immigrants arrivés à New York par bateau.
(Euh, bon, c'était quoi la question déjà? Je pense que je me suis laissé emporter par ma réponse! :oops: )