Dans mon cas, j’ai répondu l’amitié amoureuse, c’est ce qui se rapproche le plus de ma réalité, même si pas tout à fait.
J’aurais aimé vivre le grand amour à l’adolescence, mais ce fut toujours à sens unique, trop timide et avec un manque de confiance en moi qui me barrait la route à tous les efforts pour développer une relation amoureuse. J’enviais ceux qui y parvenaient avec aisance. Avec le temps, j’y vois une certaine bénédiction pour m’avoir évité la douleur d’une rupture amoureuse à cette période de la vie, la plupart du temps inévitable.
Le seul grand amour que j’ai vécu et vis encore est avec ma conjointe, avec qui je serai marié en août prochain depuis quarante ans. Passion il y a eu, des hauts et des bas nous avons connus, mais deux éléments principaux ont toujours demeuré, c’est l’admiration et le respect que nous avons l’un pour l’autre. Pour moi, ce sont deux des ingrédients essentiels pour la survie d’une relation amoureuse. Quand un des deux cesse d’admirer, le risque de naufrage est grand selon moi.
Cette admiration et ce respect ont toujours prévalu face à nos différences, qui sont grandes à bien des égards, mais aussi face à nos nombreux points communs. C’est ainsi qu’on a pu se compléter et se rapprocher avec les années. La sportive en elle m’a aidé à développer le goût de bouger, et moi l’intello j’ai contribué à développer son intérêt pour les arts et la culture.
Nous avons appris avec les années à nous défaire de l’influence judéo-chrétienne et acquérir beaucoup plus de tolérance vis-à-vis différents concepts et enjeux sociaux, et envers l’être humain en général. L’arrivée de nos trois fils dans notre vie n’est pas étrangère à ces changements de perception des choses de la vie en général.
Ma conjointe a grandement contribué à faire de moi un homme meilleur, à me rendre moins pessimiste et négatif face aux événements de la vie de tous les jours, à trouver du bonheur même dans les choses simples.
Elle m’a toujours soutenue dans ma vie professionnelle. Il fut un temps où je travaillais jusqu’à 80 heures par semaine. Je revenais tard le soir à la maison. Même si c’était dur pour elle, elle m’accueillait avec son beau sourire et me prenait dans ses bras. Jamais de remarque désobligeante ni d’expression exaspérée sur son visage, que de bons mots pour m’encourager et me dire à quel point elle admirait les efforts que je mettais pour mener mon travail à bien. Je faisais de même quand venait le temps pour elle d’exercer ses passions pour le sport. Je l’ai accompagnée à des compétitions sportives autant que j’ai pu, pour l’encourager et être présent dans ce qui la passionnait.
Malgré les signes du temps qui passe sur nos corps, nous continuons de nous trouver beaux, autant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Nous continuons d’être bien ensemble au quotidien. Parfois, nous n’avons rien à nous dire, notre présence mutuelle suffit à être heureux ensemble. Nous nous comprenons de plus en plus. Un des meilleurs exemples est l’évolution dans la perception par ma conjointe du naturisme et des gens qui en sont adeptes. Elle s’aperçoit qu’il y a là aussi des gens formidables, comme il y en a aussi dans l’univers textile. Elle comprend aussi très bien les bienfaits que me procure ce mode de vie. Je peux vous dire qu’elle a dû beaucoup cheminer pour en arriver à cette façon de voir les choses. J’y vois une grande preuve d’amour à mon endroit.
Bref, plus de quarante ans d’amour, en incluant nos quelques années de fréquentations, qui ne se sont pas effrités grâce à l’admiration et au respect que nous avons l’un pour l’autre, et aux concessions qui nous ont permis de nous accepter et nous aimer tels que nous sommes, avec parfois quelques embûches que nous avons su surmonter ensemble. Je garde toujours à l’idée qu’à la fin de la vie de la plupart d’entre nous, quand la santé est perdue, la seule chose qui nous reste, c’est l’amour que nous avons pour notre entourage et celui que les autres ont pour nous, et c’est pourquoi ce mot demande à être cultivé précieusement. C’est ce que je souhaite à chacun d’entre vous.
Steph